THAT'S WHAT WE ARE ✽ contexte

LET ME BE FOREVER YOUNG

« Ma tête va exploser. Ça fait pas du bien. Et pourtant, je me sens enfin dans mon élément. Le ciel est étoilé ; parsemé d’astres rouges sang dans ce monde bleu et vert.
Quelque chose me pique sous la peau et j’éprouve le besoin de l’arracher. Je ne le fais pas, bien sûr ; j’ai un minimum de conscience pour être capable de me rendre compte que je suis défoncé ; ainsi que pour pouvoir porter le joint à mes lèvres, et sentir l’agréable sensation de fumée qui me court dans la gorge.
Je regarde le ciel. Autour de moi, les immeubles ont commencé une ronde endiablé, et ils s’allongent, ils s’étirent vers les étoiles rouges. C’est pas juste. Moi aussi, je veux les toucher. Un râle s’échappe de ma bouche et je tends la main vers ces lumières scintillantes.
Karen attrape cette main et la repose dans l’herbe en s’essaya à côté de moi. Je ne l’ai pas entendue arriver. Elle se saisit du joint et tire dessus. Je grogne un peu - mon joint ! - mais la laisse faire. Parce que, Karen, c’est mon amie. Même si actuellement elle a une tête énorme et qu’elle est toute verte. Elle est super cool. Et puis, avec elle, c’est simple, elle s’en fou qu’on couche ensemble, ou avec d’autres juste après ; on reste tout de même potes.
Les potes. Y’a que ça de vrai. Quand je ne suis ni défoncé, ni bourré ; quand la vraie vie de vrai monde me rattrape, quand je me rend compte que je pourrais jamais toucher les étoiles sanglantes parce qu’elles sont uniquement le fruit de mon imagination et d’un joint ; eh bien, y a les potes. On s’engueule, on se blesse, on se venge, on se baise, on s’entraide, on se soutient, on se pardonne, on s’excuse, on se marre, on se confie… Avec chacun, c’est différent. Mais on s’aime vachement, quand même.
Karen, c’est ma pote. Des fois, on couche ensemble, on sait pas trop pourquoi ; p’tête qu’on en a envie. Et des fois, comme là, on reste allongé dans l’herbe humide à fumer des joints et a regarder le ciel, victime d’hallucinations qui nous amusent. Eh ben, déjà qu’on a pas mal bu tout les deux, on va se réveiller, demain, complètement crevés. Mais on s’en fou.
On est potes ; on partage un joint, on a bu, et les étoiles écarlates sont à portée de main. »