« Elisa, tu commences à me saouler, là… » « Oh mais on est là pour passer une bonne après midi Derreck, qu’est ce qui t’énerve encore ? » Sur ce début de dispute, j’avais rapidement compris que la journée n’allait pas s’étendre plus que ça et rapidement chacun allait rentrer chez eux dans leur quartier différent de la ville. Le fait de ne pas tous venir de la même classe sociale avait parfois tendance à avoir un impact sur notre amitié, même si on se réconciliait très vite tous. Mais voilà, on ne voyait pas toujours les mêmes choses, je n’avais pas les mêmes moyens que tous, on n’avait pas tous les mêmes obligations. « Ash’ tu planes à Pluton là ? » Sam qui me dit ça, j’étais perturbée en même temps, je ne savais plus trop où j’en étais entre ma grand-mère, eux, la rentrée à la faculté qui arrivait à grand pas, c’est vrai qu’il y avait beaucoup de choses qui commençaient à se faire autour de moi et je commençais un tout petit peu à prendre peur. Je ne savais pas trop par où prendre le taureau, normalement par les cornes et lui dire, tu te calmes maintenant ça suffit, mais voilà ça ne se passe pas toujours aussi simplement. Sur ce tout le monde se décida à rentrer chez eux. Il était 4 heures de l’après midi seulement et il fallait avouer que je n’avais pas forcément tout de suite l’envie de rentrer chez moi. Je les laissais donc partir devant en leur disant que je rentrerai en voiture, j’avais pris celle de ma mère pendant qu’elle était au boulot de toute manière je devrais bien finir par aller la chercher au bout d’un moment alors autant que je garde mon portable à mes côtés et la voiture à disposition non loin de son boulot.



En ce moment, certes je n’avais pas une vie de malheureuse, mais l’état de ma grand-mère commençait un peu à me jouer sur le moral et en parallèle je voyais mon frère heureux avec sa copine, prêt à sortir et tout. Bon d’accord, j’avais l’impression qu’en étant une petite major de promo forcément ça empêchait beaucoup de choses notamment d’être populaire. Même si être populaire, belle et stupide ne m’arrangeait pas plus que ça, j’aurai bien aimé être apprécié pour autre chose que pour mes talents mathématiques et ma compréhension du français ou de l’espagnol. Je m’assis dans l’herbe en m’allongeant, le lac était pratiquement désert et le ciel devenait menaçant autour de moi, pour être totalement honnête je savais qu’un orage ne me tomberait pas dessus avant une heure ou deux, je pouvais fermer les yeux encore quelques secondes, tirant une cigarette de mon paquet pour commencer à la fumer. Oui, on ne pouvait pas être parfaite jusqu’au plus haut point, je bois et je fume. Ce n’était une surprise pour personne à mon avis, mais juste l’occasion, de me détendre un petit peu. L’idée de faire comme tout le monde ? Être à la mode ? Ouais bah au prix du paquet j’préfère un bon jeans Temps des Cerises pour être la mode sérieusement, non je ne suis quand même pas la dernière au courant des tendances tout de même. Je vis une ombre soudain au dessus de mon visage, j’ouvrais un œil puis deux, mon frère. Soit il avait reconnu ma façon d’être un peu solitaire dans mon coin, soit mes cheveux blonds et ma jupe rose que j’avais mis ce matin, je ne sais pas. Mais dans tous les cas : « T’étais pas avec Cléo ou Royan pour changer cette après midi ? »

Je claquais doucement la porte de la voiture, comme si je pénétrais sur un lieu sacré. Quelque part, c'était le cas, puisque ce lac était à l'origine de la ville, ou plutôt de sa continuité. C'était un sentiment assez bizarre de se sentir serein car entouré de la nature alors que ce lac était artificiel ; comme tout ce qui nous entourait n'était qu'une grosse blague et que tout menaçait de s'écrouler à un moment ou un autre.
Je secouais la tête. On avait beau se plaindre de vivre dans un monde d'artifice, celui du lac était plutôt utile. On ne connaissait pas son histoire par coeur ; peut-être que la création de ce lac aussi proche d'un désert a décimé une population, peut-être qu'il bouleverse l'équilibre actuel des choses et que tout nous retombera dessus un jour, à nous qui n'avons rien demandé et qui ne sommes pas responsable de sa présence ici. Je m'étais souvent demandé comment ce lac avait été créé. Mais comme on ne le voyait pas en cours, et que je n'avais jamais le temps de chercher, je ne m'étais pas penché sur la question de plus prêt. J'avais posé la question à Royan, un soir de défonce, mais sa réponse était vite partie dans un délire où on avait inclus des mineurs, des cowboys et d'autres trucs dont je ne me rappelle plus très bien.
Je poussais un soupir. Peu de gens savaient que ce lac me calmait. La vue d'une étendue d'eau calme m'avait toujours fait du bien, plus que les torrents ou les vague de l'océan. A vrai dire, je n'en avais jamais parlé à personne - pour quoi faire ? Quand je me retrouvais là, c'est que je voulais être seul. Les raisons de ma présence ici étaient diverses et variés. Mais la principale était la solitude. J'en avais assez de la possessivité de Royan ; assez des crises de Cléo ; fatigué d'être impuissant devant l'état de ma grand-mère. Pourtant, ces trois personnes étaient celles que j'aimais le plus au monde. Mais afin que le vase ne déborde pas, il faut le vider, et donc se vider la tête grâce à des choses simples. Allons bon, je me mets maintenant à faire des références à l'eau tout le temps.
Je m'étais pas mal éloigné de mon quartier, utilisant la voiture qu'on partageait habituellement avec ma soeur. Ma mère ne travaillait pas, aujourd'hui, et nous avait assuré qu'elle s'occuperait de notre grand-mère. Brave femme, maman. Elle ne s'est jamais plainte de la présence de notre grand-mère à la maison. Pas que mamy soit difficile à vivre, loin de là, mais ce n'était pas sa mère à elle, et elle aurait peut-être eu envie d'avoir plus d'intimité avec son mari et même nous, ses enfants. Mais non, elle accepte toujours la grand mère et s'inquiète pour elle autant que nous.

Je promène mon regard aux alentours du lac, cherchant une place qui aurait l'air confortable, quand mes yeux se plissent en apercevant de la fumée. De la fumée de cigarette. Je croyais être le seul a oser fumer près d'un lac. C'est vrai qu'en général, on ne voit que des couples fixés depuis longtemps, des joggeurs et des petits vieux, autour du lac. Les jeunes de mon âge ne comprennent pas l'intérêt d'une masse d'eau à perte de vue.
Je m'arrête, surpris. Je connais cette fille. J'ai beau ne pas connaître par coeur sa garde robe, quand on connaît quelqu'un depuis 18 ans, et surtout qu'on vit avec, on sait la reconnaître même de loin. Mais je ne m'attendais vraiment pas à voir ma soeur ici aujourd'hui ; je croyais qu'elle trainait avec ses amis, comme d'habitude. Je ne suis pas du genre a surveiller tous les faits et gestes de ma petite soeur, ni a être particulièrement protecteur - en vérité, elle me cause tellement moins de problèmes que Royan que je finis parfois par oublier qu'elle puisse aller mal - mais la raison de sa venue ici m'intrigue. Et puis, de toutes façons, je ne vais pas l'esquiver et lui dire ce soir "eh, cet après-midi je suis passé à trois mètre de toi mais j'ai eu la flemme de venir te voir".
Je m'approche donc d'elle, me mettant exprès face à son soleil pour la forcer à ouvrir les yeux. Elle les ouvre doucement, et je souris, attendri par ses yeux légèrement hagards à cause du dérangement que je lui cause. « T’étais pas avec Cléo ou Royan pour changer cette après midi ? »
Je plisse les yeux. "Pour changer", ça veut dire quoi, ça ? Son ton n'a pourtant pas l'air empli de reproches, et j'en conclus que c'est juste qu'elle l'habitude de me voir avec l'un, soit avec l'autre. J'hausse les épaules. « Bah non, comme tu vois, je suis là. Et tout seul. » Je redresse un instant la tête, réfléchissant un peu. « Enfin, maintenant, avec toi, du coup... »
Je finis par me décaler de son soleil et par m'assoir à côté d'elle, l'observant. Elle n'a pas l'air d'aller spécialement mal, mais Ash n'a jamais vraiment montré ses émotions, alors c'est pas toujours facile de savoir, avec elle. Bien que je sois son frère, je me vois mal lui demander de but en blanc si ça va mal dans sa vie ; étant donné que j'en fais partie. Et puis après tout, peut-être qu'elle avait juste envie de venir ici pour profiter du panorama et d'écrire quelques vers ; elle n'est pas en fac de lettres pour rien, non plus. « Et toi, tu devais pas voir tes amis ? » Au moins, si il y a un problème avec l'un d'eux, je le saurais grâce à sa réponse.

Ma relation avec mon frère n'était pas comme les autres, beaucoup avaient des idées que des frères et sœurs étaient toujours proches. Oui il était vrai que c'était une part de la version de la fraternité, mais d'autres part, il y avait également toujours une idée de proximité. Nous ne parlions pas forcément toujours de nos vies respectives, on se confiait forcément un petit peu, j'étais habituée à voir ses amis bien évidemment, comme quand mon groupe d'amis débarquaient il les connaissait pratiquement tous personnellement. Mais voilà, on ne peut pas toujours être aussi proche de ses frères et de ses sœurs qu'on le souhaite. Mais la présence d'un frère dans nos vies, c'est comme dit le proverbe, un ami donné par la nature. Pour tout vous dire, sa présence m'était certes indispensable mais j'étais également une fille relativement effacée, et qui ne laissait pas beaucoup passer ses émotions. Je ne savais pas trop pourquoi, les pleurs, les rires, je les gardais souvent pour moi. L'état de ma grand mère par exemple me laissait totalement une sensation de perte totale mais en attendant, je gardais tout pour moi. Je n'étais pas insensible, je ne savais pas comment je pouvais vivre sans ma grand-mère sérieusement, elle était vraiment beaucoup de choses pour moi.

L'endroit était des plus paisibles mon portable à mes côtés en mode vibreur pour qu'il ne me dérange pas, tout était artificiel certes autour de nous, oui. Il était sur qu'un lac en plein désert on a rarement vu (excepté dans les mirages) mais je vous serais gré de reconnaître que nous y étions bien. Mon quartier était un peu plus loin, voire beaucoup plus loin, je ne savais pas quelle distance exact, mais dans tous les cas j'avais en moyenne une chance sur mille d'y croiser un membre de ma famille. Et ce fut le cas. Mon frère qui venait de débarquer pour me masquer mon petit soleil. J'avais ouvert un œil, puis les deux en le voyant sourire, je souris également. Il était une bouffée d'énergie, et j'étais limite surprise de ne pas le voir avec son meilleur ami ou sa copine. Je les connaissais bien à deux, il n'y avait aucun souci avec ça, bien au contraire. Enfin avec Cléo c'était tendu au début maintenant... Ca allait mieux, je l'apprécie un peu mieux. La seule chose qui me perturbe dans leur couple c'est leurs disputes et leurs moments tendres, un peu comme un moment lunatique, je ne sais jamais où me plaçais dans ces moments là. Alors je fuis dans ma chambre, et je me réfugies dans ma musique très loin pour ne pas qu'on m'embête à nouveau, et je redescend quand la tempête fait place au calme et à la sérénité.

Mon ton n'était en aucun cas un reproche, c'était plutôt un constat. J'avais juste pour habitude de le voir avec l'un ou l'autre. Mais d'une autre façon il avait raison. « Bon bah, viens me tenir compagnie, si tu veux de ta petite sœur pour compagnie » Dis-je en me relevant et en m'asseyant à ses côtés. « On s'est vu... Enfin c'est compliqué, Derreck a fait une remarque, Elisa s'est prise la tête avec, du coup tout le monde est rentré, et moi je n'avais aucune envie d'être coincée entre Sam et Dean, en les entendant se disputer. Et toi ça va ? » Dis-je pour amener le sujet vers lui. Nos disputes dans notre groupe était une chose, et en ce moment cela tournait toujours autour de la même chose les véritables sentiments que les garçons pouvaient avoir envers nous les filles, pour moi il était clair que ce n'était qu'une histoire d'amis, de très bons amis, une deuxième famille. Mais forcément quand on a une amitié filles garçons, il y a toujours des sous-entendus malheureusement.

J'hausse un sourcil quand elle me propose de lui tenir compagnie. Étant donné que je suis désormais assis à côté d'elle, m'étant presque imposé, elle n'avait plus vraiment le choix. Quand à la deuxième partie de sa phrase, elle me fait hausser les épaules. La compagnie de ma soeur n'a jamais été un problème. Comme tous les enfants, on s'est bien évidemment disputés, lorsqu'on était plus jeunes, des petites chamailleries qui font soupirer nos parents d'exaspération, et qu'on prend très à coeur alors que les plus grands s'en moquent totalement. Et puis on a grandit, et si Ashlynn et moi ne sommes pas la fraternité la plus rapprochée qui soit, c'est juste parce qu'on a pas toujours eu les mêmes centres d'intérêts. Elle a toujours eu des notes un peu meilleures que les miennes ; bossant à la maison tandis que Royan m'entraînait à un endroit ou à un autre sans vraiment me demander mon avis.
Pour tout dire, elle est d'une compagnie plutôt agréable bien qu'assez calme, puisqu'on ne parle pas beaucoup. On se connais, bien évidemment, enfin quand on fréquente quelqu'un tous les jours on finit forcément par la connaître, famille ou pas famille. Ashlynn ne le sait pas, mais lorsque je rentrais d'une soirée assez désastreuse avec mon meilleur ami, et que l'on s'était disputé la veille, j'ai toujours apprécié me retrouver dans une pièce avec elle, même si on ne parle pas. Se poser devant un même feuilleton télé, sans rien dire, mais en sentant quand même la présence de l'autre est une chose assez confortable, au final.
« Oulah ! Tu sais, je sais pas si je vais réussir à te supporter... » Je la regarde avec un grand sourire, attendant qu'elle m'explique la raison de sa présence ici.
« On s'est vu... Enfin c'est compliqué, Derreck a fait une remarque, Elisa s'est prise la tête avec, du coup tout le monde est rentré, et moi je n'avais aucune envie d'être coincée entre Sam et Dean, en les entendant se disputer. Et toi ça va ? »
Donc, elle était bien, comme prévu, avec ses amis. C'est une étrange coïncidence, quand même, qu'on se soit tous les deux retrouvés dans le but de se remonter le moral et de se vider la tête. Je ne connais pas très bien les amis de ma soeur ; je sais que leur groupe a surpris pas mal de personnes parce que chacun était assez différent, que ça soit une question de caractère ou de classe sociale. Moi, pas tellement. Enfin, tout le monde dit que je suis quelqu'un de gentil alors que Royan n'est pas vraiment considéré comme "fréquentable", et ma petite amie est pleine aux as alors que je suis de classe plutôt moyenne, alors je n'ai jamais émis de jugement là-dessus. De toutes façons, ce sont les amis d'Ashlynn, pas les miens.
Je réfléchis, suite à sa question. Oui, dans le fond, ça va. J'en ai un peu marre des problèmes de ma grand-mère, et surtout de l'impuissance dans laquelle ils me plongent, parce que je n'ai pas envie de la voir quitter la maison, ça ferait un vide trop gros ; mais il faut qu'elle ait des soins, même si ça coûte cher. Et puis Cléophée, qui me pose pas mal de problèmes, aussi. Je l'aime, je crois. Non, j'en suis sûr, et c'est bien le problème. Même si ça fait trois mois qu'on est ensemble, elle a parfois tendance a se comporter comme Royan - qu'elle n'apprécie pas au passage - ce qui amène des disputes. Et puis la mésentente entre elle et mon meilleur ami qui est toujours un peu pesante. Dans le fond, ça va. Je pourrais avoir pire. Mais c'est des tas de petites choses qui poussent à bout et qui font que j'ai besoin de prendre un bol d'air et de m'éloigner.
Je ne lui réponds pas. J'hausse les épaules, éludant la question puisque je n'ai pas vraiment de réponse à lui fournir. « Hm. Et toi ? » Je la scrute un instant. Comment fonctionne le groupe d'amis de ma soeur, je n'en ai aucune idée. Mais par contre, les disputes entre amis, j'en connais un rayon avec Royan. « T'en fais pas, tu sais. C'est tes vrais potes, depuis le temps, ça va s'arranger rapidement. » Le rôle de grand frère protecteur ne s'est imposé à moi que tardivement. Ma soeur avait toujours été studieuse, raisonnable, pas le genre à s'attirer des ennuis. Pas un souffre douleur, loin de là. En fait, c'est depuis qu'elle a commencé à sortir et qu'on a fait des fêtes ensemble, que j'ai commencé à garder un oeil sur elle - l'autre étant sur Royan - mais que dans les soirées où nous étions tous les deux. C'est une fille responsable, et je n'ai jamais eu à lui reprocher un faux-pas en soirée ; même lorsqu'elle buvait et qu'elle fumait. Comment l'aurais-je fait, alors que moi-même je consomme ? Alors, rassurer, aller régler ses problèmes et les trucs du genre, ce n'est pas vraiment mon rayon.
Voyant que sa cigarette se consume toujours, je décide de la distraire avec ça. Profitant de son inattention, je lui arrache des mains et la met hors de sa portée. « Donne-moi ça, t'es trop jeune pour fumer ! » Malgré ses dix huit ans, et même si j'avais déjà commencé à fumer depuis longtemps à cet âge là ; mais bon, je n'ai qu'un an de plus qu'elle, alors "cet âge là" n'est pas si lointain que ça.

Je souris à sa remarque, je n'avais jamais été un boulet pour lui. J'avais toujours été la plus calme des deux, avec beaucoup d'intérêts dans les études, il était vrai que jusque l'an dernier, je ne sortais pas beaucoup. En plus c'était lui qui m'avait apprise à commencer à sortir, enfin appris, tout était relatif, disons qu'il m'avait du jour au lendemain pousser à sortir. Il avait presque reçu la bénédiction de ma meilleure amie d'Elisa elle qui est plutôt une fêtarde totale. Mon groupe d'amis avait plutôt bien reçu la nouvelle quand j'avais dit ok pour la soirée qui avait lieu dans leur quartier, à deux rues du mien à peu près. L'alcool, la cigarette, sérieusement j'étais quand même une jeune fille du XXIème siècle, ce n'était pas non plus aujourd'hui qu'on allait m'apprendre à être jeune. Au contraire, j'avais commencé à fumer dès le début du lycée, j'avais bien vu mon frère le faire avant moi. La cigarette tue certes, mais je n'avais jamais encore vu une cigarette te sortir un flingue et te tuer sur place, conclusion ce n'était ni le prix ni les images chocs des paquets qui m'avaient fait arrêter bien au contraire. J'en étais arrivée à la conclusion qu'au bout d'un moment il fallait vivre sa vie à fond, et puis nos grands – parents ils fumaient bien tous, ça nous a pas empêché de les connaître après tout.

Mon frère et moi, on n'avait jamais eu des discussions interminables. Genre, je ne me suis jamais allongée sur son lit pour lui parler de ma vie sentimentale. J'avais plutôt toujours eu un certain un entrain pour les études. J'étais plutôt calme et me lover dans le canapé, sans vraiment parler, j'imposai juste ma présence. Mais jamais je n'avais fait réellement part de mes sentiments à quelqu'un de ma famille, excepté ma grand mère. Pour mon père j'avais l'impression d'avoir pour valeur ma capacité à être bonne en cours, pour ma mère, je lui ressemblais, ma grand mère c'était différent. Je ne dis pas que mes parents ne m'aiment pas, bien au contraire, je pense qu'ils débordent d'amour pour moi, ce n'est pas vraiment le souci. C'est juste que j'ai toujours cherché à être bonne en cours plutôt que dans leur cœur. Je n'avais pas grand chose à confier à mes parents, je n'avais pas forcément une relation fusionnelle avec l'un ou l'autre, c'était juste que je préférais leur montrer mon amour pendant de grandes occasions lors de leurs anniversaires ou à Noël. Ce n'était pas un manque d'amour, c'était juste une capacité à ne pas dire je t'aime trop souvent, c'était un autre point de vue. Une façon de voir les choses d'un autre horizon. Et d'une certaine manière, ils n'avaient jamais eu à être déçu de mon comportement bien au contraire, j'avais toujours été respectueuse. Pour ça, mes parents n'avaient pas à se plaindre ni de Skyler, ni de moi. Après nous étions bien différents avec mon frère ce qui heureusement nous permettait de nous compléter. Je lui tirais donc la langue quand il me dit qu'il aurait peut-être du mal à me supporter.

« Ouais, c'est juste tannant au bout d'un moment. On essaye de passer un bon été avant la rentrée, et ils ont rien d'autres à faire à se chercher des poux. Enfin bref, tu as raison, ça s'arrangera avec le temps, c'est peut-être juste le stress de rentrer en fac, j'en sais rien.» J'essayais d'analyser le comportement de mes amis en ce début de fin d'été, il était vrai qu'on avait tous choisit des voix plus ou moins différentes, mais en même temps c'était nos choix. Mais le doute de se retrouver? Je ne savais pas trop ce qui faisait qu'on doutait autant autour de nous. « Et toi ça se passe bien avec Cléo et Royan ? » Autant s'intéresser à la vie de mon grand frère après tout on partageait encore le même toit autant que je sache où il en était lui même dans ses relations. Ma cigarette juste à côté de moi, continuait à se consumer, et ça ne manquait pas à son attention bien au contraire, vu qu'il sautait sur l'occasion pour me la piquer. Je me relevais presque aussitôt, pour tenter de la récupérer. « Non mais oh ! Hôpital qui se fout de la charité, trop jeune ? Tu t'es venu t'as à peine 12 mois de plus que moi, rends la moi s'il te plaît... » Les yeux de cocker battu pour qu'il finisse par me la rendre avant qu'elle ne se finisse toute seule

Par son explication, je comprends que ma soeur en a juste marre de ses amis, et que, comme moi, elle est venue ici pour être seule. Pour le coup, j'ai surement dû la déranger, mais puisqu'elle m'a proposé de rester, je vais pas partir maintenant. peut-être qu'au final, elle a envie de parler à quelqu'un. Quelqu'un qui ne fait pas partie de ce groupe d'ami à qui elle se confie habituellement, mais quelqu'un qui la comprenne quand même. Je sais qu'elle ne fait pas partie de ces gens qui se confient à des inconnus en se disant qu'au pire, ils ne se reverraient jamais et que ça lui fera du bien de se libérer. Je crois qu'en tant normal, elle se confie à notre grand-mère. D'ailleurs, elle lui parlera surement de ce petit problème, plus tard. Je dois avouer que je n'ai jamais été très doué pour rassurer les gens. Mon meilleur ami a toujours été un bout-en-train intenable. On a eu des discussions sérieuses, bien sûr, mais quand on avait envie de s'effondrer et que l'autre était à côté, on essayait plutôt de penser à quelque chose d'autre, se distrayant ; et cherchant un moyen de régler les problèmes qui nous faisaient face.
Ashlynn paraît quand même confiante, puisqu'elle met cette altercation entre ses amis sur le compte de la fatigue nerveuse ; même si le comportement de ses amis lui paraît assez puéril. Je sais que ma soeur était plutôt renfermée, avant de commencer à sortir ; elle n'a jamais été du genre à chercher les problèmes, plutôt à les éviter.
« Et toi ça se passe bien avec Cléo et Royan ? » Je sortis de mes pensées, avant de me tourner vers elle. Pour tout dire, ça faisait un petit moment qu'ils ne s'étaient pas revus, enfin, une petite semaine, quoi ; et à part quelques remarques à peine déguisées, ça se passait bien. Cependant, avec ces deux énergumènes, impossible de crier victoire trop vite. Tous les deux imprévisibles, on ne sait jamais à quoi s'attendre, alors, il vaut mieux éviter de répondre quelque chose de très positif, puisque dans cinq minutes, tout peut se retrouver défait. J'hausse donc les épaules. « Ben... disons que, pour le moment, ça va. Mais c'est sûr que ça me pèse, qu'ils s'entendent pas. »
Je pense que ma soeur a conscience de ça - pourquoi me l'aurait-elle demandé, sinon - ; puisqu'elle entend souvent l'un ou l'autre râler à propos de la relation que j'entretiens avec elle ou lui. Pas facile de se diviser entre sa petite amie de trois mois et son meilleur ami de toujours quand ils ne s'entendent pas. Pour le moment, je réussis à faire avec. Mais si on rajoute les problèmes de santé de notre grand mère, plus les amis de ma petite amie qui n'apprécient pas l'influence que j’ai sur elle, ça commence à faire beaucoup.
Je porte la cigarette - enfin, la sienne - à mes lèvres, tandis qu'elle s'insurge. « Non mais oh ! Hôpital qui se fout de la charité, trop jeune ? Tu t'es vu t'as à peine 12 mois de plus que moi, rends la moi s'il te plaît... » « 12 mois ? T'as compté exprès, en plus ? » Je lui recrache la fumée à la figure, doucement. Je ris à ses yeux de cocker, sans pouvoir cependant résister longtemps. Ashlynn a toujours plus ou moins ressemblé à une poupée, avec son visage rond et ses longs cheveux blonds. Je lui tends donc sa cigarette, et en profite pour lui pincer la joue avec un air faussement angélique. « Brave fille. Tu caches bien ton jeu, tu sais ? Personne penserait que tu fumes en te connaissant un peu. »